Nous avons tracé des routes Nous avons bâti des villes Nous avons commis des crimes Tant qu'on ne peut les compter Nous avons beaucoup parlé Bien souvent pour ne rien dire Et nous avons fait l'amour Plus souvent qu'à notre tour Nous avons eu des autos...
Le poète est passé: un remous dans l'argile se dresse en monument, avec soudain le bras qui se profile, la lèvre et l'œil aimants. Le poète est passé: le ruisseau qui hésite, devient fleuve royal; il n'a plus de repos ni de limites: il ressemble au cheval....
Jamais je n'ai fermé les yeux malgré les vertiges sucrés des euphories même quand mes yeux sentaient le roussi ou en butte aux rafales montantes des chagrins Car je trempe jusqu'à la moelle des os jusqu'aux états d'osmose incandescents dans la plus noire...
Je ne suis rien Jamais je ne serai rien. Je ne puis vouloir être rien. Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde. Fenêtres de ma chambre, de ma chambre dans la fourmilière humaine unité ignorée (et si l'on savait ce qu'elle est, que saurait-on...
Elle a passé, la jeune fille Vive et preste comme un oiseau: A la main une fleur qui brille, A la bouche un refrain nouveau. C'est peut-être la seule au monde Dont le cœur au mien répondrait, Qui venant dans ma nuit profonde D'un seul regard l'éclaircirait!...
J'ai retenu la vie Pour que dure l'instant sous le poids des mémoires j'ai retenu la nuit plus doucement qu'une main de femme plus longuement sans oublier contre des murs vivants sur un étroit chemin utile comme un arbre Pour que le don de Mort recouvre...
Le printemps n'a point tant de fleurs, L'automne tant de raisins meurs, L'este tant de chaleurs halées, L'hyver tant de froides gelées, Ny la mer a tant de poissons, Ny la Beauce tant de moissons, Ny la Bretagne tant d'arènes, Ny l'Auvergne tant de fonteines,...
Venez sous cette lampe amie et près du feu. Parlez-moi du Berri, de la mousse câline, De l'étang lumineux sur qui le jonc s'incline, Paupière de velours où brille un regard bleu. Je vous dirai l'ardeur de nos Juillets en feu, Les vignes d'Août saignant...
Pourquoi que je vis Pourquoi que je vis Pour la jambe jaune D'une femme blonde Appuyée au mur Sous le plein soleil Pour la voile ronde D'un pointu du port Pour l'ombre des stores Le café glacé Qu'on boit dans un tube Pour toucher le sable Voir le fond...
Eros est à Picadilly nous y sommes aussi la nuit Tu m'as appris les noms des streets qui nous ont amenés ici c'est le dernier de mes soucis de ton anglais me suffit le seul mot sweet Les enseignes multicolores te font de mille travestis des yeux de lapis-lazulli...
Ils jouaient dans la classe avec les mots et les images. ils apprivoisaient peu à peu le langage. Ils faisaient des charades Des rébus des comptines des bouts-rimés des acrostiches et des calligrammes. Ils dessinaient tout un bestiaire d'oiseaux quadrupèdes...
Je ne sais. Un sens me fait défaut, une prise sur la vie, sur l'amour, sur la gloire... À quoi bon une quelconque histoire, un quelconque destin? Je suis seul, d'une solitude jamais atteinte, creux en dedans, sans futur ni passé. Sans me voir, semble-t-il,...
Une nonne étudiait le Zen, jour après jour, depuis trente-trois ans. Elle était entrée au monastère en qualité de jeune novice à dix-sept ans. Elle en avait cinquante, maintenant. Sa vie de fertilité était achevée. Elle n'en gardait pas d'amertume. Elle...
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Les pétales tombés des cerisiers...
Quelqu'un déjà s'est levé Dans ton corps L'entends-tu Qui marche dans les plis du réel? L'entends-tu Qui traverse les plis du réel? Et Le voilà des égarés? * Ces longues branches de l'arbre Que je regarde S'approchent-elles vraiment Des voix du Très-Haut?...
Vivre tranquille en sa maison, Vertueux ayant bien raison, Vaut autant boire du poison. Je ne veux pas de maladie, Ma fierté n'est pas refroidie, J'entends la jeune mélodie. J'entends le bruit de l'eau qui court, J'entends gronder l'orage lourd, L'art...
En la forêt d'Ennuyeuse Tristesse, Un jour m'advint qu'à part moi cheminais, Si rencontrai l'Amoureuse Déesse Qui m'appela, demandant où j'allais. Je répondis que, par Fortune, étais Mis en exil en ce bois, long temps a, Et qu'à bon droit appeler me pouvait...
J'ai tout mêlé à mon amour. Ce soir évasé de printemps et la présence dilatée des roses - on dirait que toutes les roses sont nées ce soir autour de mon cœur. J'ai tout mêlé à mon amour. Mon cœur est brusque dans le silence ma petite chimère, ma petite...
Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde, Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix, L'harmonie et le songe et la douleur profonde Frémissent longuement sur le bout de mes doigts. Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles, Je...
L'une avait quinze ans, l'autre en avait seize; Toutes deux dormaient dans la même chambre C'était par un soir très lourd de septembre Frêles, des yeux bleus, des rougeurs de fraise. Chacune a quitté, pour se mettre à l'aise, La fine chemise au frais...
Baudelaire ou Debussy Dans les toilettes d'un café Où je ne fais que de passer Je lis quelques graffiti Je n'les comprends pas toujours Même s'ils parlent d'amour Encore moins s'ils sont obscènes Pleins de fureur et de haine Y'a des ballons des saucisses...
Enfant! si j'étais roi, je donnerais l'empire, Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre, Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire, Pour un regard de vous! Si j'étais Dieu, la terre et l'air...
Ventre offert, elle glisse le long des rondeurs de leur lune creuse Elle avale, bouche en proue, tous les cristaux des neiges lavant son regard presque né. Et disparaît distillée de nuit. C'est l'ombre blonde qui l'enduit de mystère. Il détache d'un citron...
Un homme dit: " Parle-nous de la Connaissance de soi" Il répondit: "Vos cœurs connaissent en silence les secrets des jours et des nuits. Mais vos oreilles se languissent d'entendre la voix de la connaissance en vos cœurs. Vous voudriez savoir avec des...
Oh! je voudrais chanter, Marie, pourquoi je t’aime Pourquoi ton nom si doux fait tressailler mon cœur Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur Si je te contemplais dans ta sublime gloire Et surpassant l’éclat...