Le Pot de fer proposa Au Pot de terre un voyage. Celui-ci s'en excusa, Disant qu'il ferait que sage De garder le coin du feu: Car il lui fallait si peu, Si peu, que la moindre chose De son débris serait cause. Il n'en reviendrait morceau. Pour vous, dit-il,...
Ils sont appuyés contre le ciel Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel Avec toute la vie derrière eux Ils sont pleins d'étonnement pour leur épaule Qui est un monument d'amour Ils n'ont pas de recommandations à se faire Parce qu'ils ne se quitteront...
Vous n'aimez rien que vous, de vous-même maîtresse, Toute perfection en vous seule admirant, En vous votre désir commence et va mourant, Et l'amour seulement pour vous-même vous blesse. Franche et libre de soin, votre belle jeunesse D'un œil cruel et...
Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx, L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore, Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix Que ne recueille pas de cinéraire amphore Sur les crédences, au salon vide: nul ptyx Aboli bibelot d'inanité sonore, (Car...
Quand en songeant ma folâtre j'acolle, Laissant mes flancs sur les siens s'allonger, Et que, d'un branle habilement léger, En sa moitié ma moitié je recolle! Amour, adonc si follement m'affole, Qu'un tel abus je ne voudroi changer, Non au butin d'un rivage...
Je hais plus que la mort un jeune casanier, Qui ne sort jamais hors, sinon aux jours de fêtes, Et craignant plus le jour qu'une sauvage bête, Se fait en sa maison lui-même prisonnier. Mais je ne puis aimer un vieillard voyager, Qui court deçà, delà, et...
J'ai beau faire tu es en moi Battante Comme un autre cœur que j'aurais. J'ai beau faire tu viens tu vas Dans les couloirs feutrés où mon sang parle bas. J'ai beau faire je te sais là Toujours Caillot qui rôde A la recherche du jour Et mes mains malgré...
Tu demandes pourquoi je reste sans rien dire? C'est que voici le grand moment, l'heure des yeux et du sourire, le soir, et que ce soir je t'aime infiniment! Serre-moi contre toi. J'ai besoin de caresses. Si tu savais tout ce qui monte en moi, ce soir,...
Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d'agate. Lorsque mes doigts caressent à loisir Ta tête et ton dos élastique, Et que ma main s'enivre du plaisir...
Je suis tout imprégné de mer et sur ma tête écument les nuées Dans le jardin de Gulhané, voilà que je suis un noyer Un vieux noyer tout émondé, le corps couvert de cicatrices Nul ne le sait, ni toi, ni même la police. Dans le jardin de Gulhané, voilà...
Trois noisettes dans le bois Tout au bout d'une brindille Dansaient la capucine vivement au vent En virant ainsi que filles De roi. Un escargot vint à passer : "Mon beau monsieur, emmenez-moi Dans votre carrosse, Je serai votre fiancée" Disaient-elles...
Le satin des pages qu'on tourne dans les livres moule une femme si belle Que lorsqu'on ne lit pas on contemple cette femme avec tristesse Sans oser lui parler sans oser lui dire qu'elle est si belle Que ce qu'on va savoir n'a pas de prix Cette femme passe...
Le grand frigorifique blanc dans la nuit des temps Qui distribue les frissons à la ville Chante pour lui seul Et le fond de sa chanson ressemble à la nuit Qui fait bien ce qu’elle fait et pleure de le savoir Une nuit où j’étais de quart sur un volcan...
Venise pour le bal s'habille, De paillettes tout étoilé, Scintille, fourmille et babille Le carnaval bariolé. Arlequin, nègre par son masque, Serpent par ses mille couleurs, Rosse d'une note fantasque Cassandre, son souffre-douleurs. Battant de l'aile...
Une mouche voyant une jatte de crème S'écria: "Quelle chance! Ah! que cela me plait! O délice! O bonheur extrême! Des œufs frais, du sucre et du lait, Un tendre arôme de vanille; rien ne met plus de douceur en mon cœur." Elle volette, elle frétille, elle...
- C'est une honte! s'exclama L'inspecteur des travaux infinis Devant le chantier Silencieux : Le vitrier dort, les maçons sommeillent, Le serrurier ronfle, l'architecte rêve, Les peintres reposent, Les menuisiers somnolent, Les plombiers roupillent, Les...
Au grand galop soulevant la poussière J'irai là-bas le long de tes canyons, Et dans ton ciel tout brûlant de lumière Eclatera la joie de mes chansons. Je conduirai la vieille diligence Je bâtirai mon ranch au bord de l'eau. Sous les étoiles, la nuit dans...
Par le vent voyageur Par les nuages sans trêve Par l'espace du ciel, Par l'écume des brisants Par la courbe de la vague Par le flux des marées, Par le sillage du soleil Par l'éclat de la lumière Par l'étrave sur la mer, Vienne mon amour. Par la voie de...
A travers les halliers, par les chemins secrets Qui se perdent au fond des vertes avenues, Le Chèvre-pied, divin chasseur de Nymphes nues, Se glisse, l'œil ardent, sous les hautes forêts. Il est doux d'écouter les soupirs, les bruits frais Qui montent...
Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère Entourée de tendres bois de noisetiers, Dans un brouillard d'après-midi tiède et vert? Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise, - Ormeaux sans voix, gazon...
Ta tristesse inconnue dans tes yeux, si loin dans la foule et n'y pouvoir porter les paroles des baisers et tes yeux mes bonheurs, soleils dans la foule et n'y pouvoir dormir à l'ombre de tes cils et les baiser. La magie de ta nuit brune et pâle qui demeure...
Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume, Le ciel mêlait aux ors le cristal et l'airain. Ton corps se devinait, ondoiement incertain, Plus souple que la vague et plus frais que l'écume. Le soir d'été semblait un rêve oriental De rose et de santal....
Que vous avez d'appas, belle nuit animée! Que vous nous apportez de merveille et d'amour. Il faut bien confesser que vous êtes formée Pour donner de l'envie et de la honte au jour. La flamme éclate moins à travers la fumée Que ne font vos beaux yeux sous...
LA CHÈVRE DU TIBET Les poils de cette chèvre et même Ceux d'or pour qui prit tant de peine Jason, ne valent rien au prix Des cheveux dont je suis épris. LE SERPENT Tu t'acharnes sur la beauté. Et quelles femmes ont été Victimes de ta cruauté! Ève, Euridice,...
L'hiver a ses plaisirs; et souvent, le dimanche, Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche, Avec ma cousine on sort se promener... - Et ne vous faîtes pas attendre pour dîner, Dit la mère. Et quand on a bien, aux Tuileries, Vu sous les arbres noirs...