D'où vient cette tendresse ? Ces vagues ne sont pas les premières que j'ai posées tout doucement sur d'autres lèvres aussi sombres que les tiennes. comme les étoiles apparaissent puis disparaissent (d'où vient cette tendresse?) tellement d'yeux sont apparus...
Il est un air pour qui je donnerais Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber, Un air très vieux, languissant et funèbre, Qui pour moi seul a des charmes secrets. Or, chaque fois que je viens à l'entendre, De deux cents ans mon âme rajeunit: C'est sous...
Quand Jodelle arriva soufflant encor sa peine, Le front plein de sueur des restes de la mort, Quand dis-je, il eut atteint l'Achérontide bord, Attendant le bateau, il reprit son haleine. Il trouva l'Achéron plus plaisant que la Seine, L'Enfer plus que...
Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas d'ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C'est le désespoir et ce n'est pas le retour d'une quantité de petits...
Anne qui se mélange au drap pale et délaisse Des cheveux endormis sur ses yeux mal ouverts Mire ses bras lointains tournés avec mollesse Sur la peau sans couleur du ventre découvert. Elle vide, elle enfle d'ombre sa gorge lente, Et comme un souvenir pressant...
ces deux jeunes dans l'impasse en face de chez moi ils passent Bob Dylan jour et nuit sur leur stéréo ils montent le son de leur stéréo au maximum et c'est une très bonne stéréo tout le voisinage entend Bob Dylan gratuitement et c’est moi qui l’entends...
Je veux une vie en forme d'arête Sur une assiette bleue Je veux une vie en forme de chose Au fond d'un machin tout seul Je veux une vie en forme de sable dans des mains En forme de pain vert ou de cruche En forme de savate molle En forme de faridondaine...
C'est le joli printemps Qui fait sortir les filles C'est le joli printemps Qui fait briller le temps J'y vais à la fontaine C'est le joli printemps Trouver celle qui m'aime Celle que j'aime tant C'est dans le mois d'avril Qu'on promet pour longtemps C'est...
Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme. Les forêts s'y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés. Il y a toi. Dans la nuit il y a le pas du promeneur...
La lune en maraude au cœur des vergers Grimpait aux pommiers en jupon d'argent; Surgirent des chiens rauques, déchaînés: La lune s'enfuit, laissant un enfant. Il vint avec nous en classe au village, Tout à fait semblable aux autres garçons Sauf cette...
Le soir vient entre chien et loup, Ombre parmi les ombres grises, Entre policier et filou, Entre mule et cheval de frise. Il arrive entre chèvre et chou, Figue et raisin, verre et carafe, Entre montagne et caoutchouc, Le soir, entre chêne et girafe. Langue...
Le retour du printemps habille la prairie, C’est le moment d’bêcher que m’a dit mon voisin, Tout est couleur de joie, du jaune et puis du gris, Mais moi j’ai pas le temps, faut que j’aille au turbin. Tout pousse dans les prés, boutons d’or et jonquilles,...
Tous les livres étaient déjà écrits, tous les exploits, semble-t-il, accomplis. Tout ce que voyaient ses beaux yeux était le fruit d’efforts très vieux. Maisons, ponts, et chemins de fer avaient vraiment quelque chose d’insigne. Il songeait au bouillant...
J'ai trois grands chevaux courant dans mon ciel. J'ai un seul petit oiseau, petit, dans mon champ. Trois chevaux de feu broutant les étoiles. Un oiseau petit qui vit d'air du temps. Trois chevaux perdus dans la galaxie. Un petit oiseau qui habite ici....
A la liberté Descends, ô liberté! fille de la nature: Le peuple a reconquis son pouvoir immortel; Sur les pompeux débris de l'antique imposture Ses mains relèvent ton autel. Venez, vainqueurs des rois: l'Europe vous contemple; Venez; sur les faux dieux...
Une boîte de corned-beef, enchaînée comme une lorgnette, Vit passer un homard qui lui ressemblait fraternellement. Il se cuirassait d'une carapace dure Sur laquelle était écrit à l'intérieur, comme elle, il était sans arêtes, (Boneless and economical)...
Assieds-toi sur le bord d'une ondante rivière: Tu la verras fluer d'un perpétuel cours, Et flots sur flots roulant en mille et mille tours Décharger par les prés son humide carrière. Mais tu ne verras rien de cette onde première Qui naguère coulait; l'eau...
Certains, quand ils sont en colère, Crient, trépignent, cassent des verres... Moi, je n'ai pas tous ces défauts: Je monte sur mes grands chevaux. Et je galope, et je voltige, Bride abattue, jusqu'au vertige Des étincelles sous leurs fers, Mes chevaux...
Je suis rentable, Tu es rentable, Il est rentable! Ô! La belle machine! Ô! Le beau tour! Ô! La belle fraiseuse! C’est moi qui suis gâté! Qu’est-ce que je vais être rentable!.. Ô! La belle machine à calculer! Ô! Le beau classeur automatique! Ô! La belle...
Toujours et Jamais étaient toujours ensemble ne se quittaient jamais. On les rencontrait dans toutes les foires. On les voyait le soir traverser le village sur un tandem. Toujours guidait Jamais pédalait C'est du moins ce qu'on supposait... Ils avaient...
Le facteur rural enfourche son vélo et cahotant par les chemins boueux va battant des ailes bleues, sous la pluie De-ci de-là on le héle il fait signe de la main ou s'arrête un pied sur sa bicyclette et l'autre sur le chemin... Le facteur rural par les...
Solitude au grand cœur encombré par des glaces, Comment me pourrais-tu donner cette chaleur Qui te manque et dont le regret nous embarrasse Et vient nous faire peur? Va-t'en, nous ne saurions rien faire l'un de l'autre, Nous pourrions tout au plus échanger...
Nuit et jour je médite et pense et veille, Plains et soupire et puis m'apaise; Quand mieux m'advient j'en retire peine, Mais une bonne attente m'éveille Dont mes chagrins s'apaisent, Fol, pourquoi me dire que j'en retire du mal: Car si noble amour me...
Trois musiciens dans une clairière Jouent au milieu des ronciers rouillés Pour les passants nocturnes qui errent Sans parvenir à s'ensommeiller. Ils célèbrent d'infimes offrandes A l'adresse des germes éclos, Ou des fougères qui se détendent, Ou du vol...
La Mort ne surprend point le sage; Il est toujours prêt à partir, S'étant su lui-même avertir Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage. Ce temps, hélas! embrasse tous les temps: Qu'on le partage en jours, en heures, en moments, Il n'en est point...