12 janvier 2010
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Tous nos arbres sont dépouillés,
Nos promenoirs sont tous mouillés,
L'émail de notre beau parterre
A perdu ses vives couleurs;
La gelée a tué les fleurs,
L'air est malade d'un caterre
Et l'œil du Ciel noyé de pleurs
Ne sait plus regarder la terre.
La nassaille attendant le flux
Des ondes qui ne courent plus,
Oisive au port est retenue;
La tortue et les limaçons
jeûnent perdus sous les glaçons;
L'oiseau sur une branche nue
Attend pour dire ses chansons
Que la feuille soit revenue.
Le Héron quand il veut pêcher
Trouvant l'eau toute de rocher
Se paît du vent et de sa plume,
Il se cache dans les roseaux,
Et contemple au bord des ruisseaux
La bise, contre sa coutume,
Souffler la neige sur les eaux
Où bouillait autrefois l'écume.
Les poissons dorment, assurés,
D'un mur de glace remparés,
Francs de tous les dangers du monde
Fors que de toi tant seulement
Qui restreins leur moite élément
Jusqu'à la goutte plus profonde,
Et les laisses sans mouvement
Enchâssés en l'argent de l'onde.
Théophile de Viau
Nos promenoirs sont tous mouillés,
L'émail de notre beau parterre
A perdu ses vives couleurs;
La gelée a tué les fleurs,
L'air est malade d'un caterre
Et l'œil du Ciel noyé de pleurs
Ne sait plus regarder la terre.
La nassaille attendant le flux
Des ondes qui ne courent plus,
Oisive au port est retenue;
La tortue et les limaçons
jeûnent perdus sous les glaçons;
L'oiseau sur une branche nue
Attend pour dire ses chansons
Que la feuille soit revenue.
Le Héron quand il veut pêcher
Trouvant l'eau toute de rocher
Se paît du vent et de sa plume,
Il se cache dans les roseaux,
Et contemple au bord des ruisseaux
La bise, contre sa coutume,
Souffler la neige sur les eaux
Où bouillait autrefois l'écume.
Les poissons dorment, assurés,
D'un mur de glace remparés,
Francs de tous les dangers du monde
Fors que de toi tant seulement
Qui restreins leur moite élément
Jusqu'à la goutte plus profonde,
Et les laisses sans mouvement
Enchâssés en l'argent de l'onde.
Théophile de Viau