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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 21:55

L’expression "essuyer une tempête" remonte à la plus haute antiquité.

Si vous désirez qu’une tempête vous fasse de l’usage, entretenez la convenablement. Et commencer donc par l’essuyer.

Possesseur d’une bonne tempête d’origine (en France, les meilleures proviennent de Brest et des environs), assurez-vous les services d’un essuyeur de qualité et ne lésinez pas sur le tarif.

Le procédé relève du bon sens : avant d’essuyer un objet, il convient de le sécher ; il en va des tempêtes comme du reste.

L’essuyeur prend sa tempête, l’expose au soleil et attend qu’elle ait perdu son humidité. Il lui faut parfois, surtout en hiver, la transporter à des distances considérables pour trouver le climat idéal – du Pas de Calais aux criques de Saint-Raphaël. N’importe, il va son chemin, emmenant sa tempête avec lui et ne cessant de la surveiller.

Lorsqu’il a enfin découvert le lieu propice, il donne un peu de "mou" à la tempête, afin de la laisser s’ébrouer à son aise. Puis, quand elle a atteint un degré de dessiccation suffisante, il l’étend bien à plat sur le sol (dans un endroit écarté, de préférence) et se met à l’oeuvre, muni de ses chiffons et de sa brosse à reluire. Une tempête de violence moyenne exige trois semaines environ pour être remise en état. Ensuite, il ne reste plus qu’à la libérer.

Mon grand-père Beaujolais La Pivoine, n’essuyait pas les tempêtes à proprement parler ; il ne s’occupait généralement que des "grains", des bourrasques modestes, mais il les traitait de la même manière. Une fois pourtant, entre Epineuil et Sainte-Agathe (j’avais sept ou huit ans), il me montra une tempête allongée sur une prairie et qu’il venait de "terminer". Elle était tellement propre, briquée et transparente, que vous auriez pu juré qu’il n’y avait rien là, devant vous. J’écarquillais mes yeux d’enfant ; Beaujolais me dit "Elle va r’partir d’attaque, maint’nant, quasiment toute neuve".

Il me parlait avec émotion des jours où les tempêtes rénovées faisaient les quatre cents coups, où ça grondait et soufflait partout tandis que lui, dans une cabane de cantonnier, assistait à la sarabande. Il me parlait aussi des bergères qui venaient chercher protection auprès de lui, malgré sa barbe de vagabond, ses mauvaises façons et son goût pour la bouteille. Mais, comment ils passaient le temps, ensemble, à la faveur de la tempête "essuyée", je ne l’ai appris que plus tard, dans ces circonstances qui ne se relient pas directement à cette chronique.

André Hardellet

   
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commentaires

M
pourquoi ne l'avez-vous pas postée dans son intégralité ! vous l'avez amputée de la moitié, quelle honte.
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A
<br /> <br /> Désolée. C'est réparé!<br /> Ophélie<br /> <br /> <br /> <br />